Vous étiez plusieurs à nous demander quelques précisions sur la vie et l’œuvre du Professeur Jean Marie Pelt et sur nos liens avec lui.
Image extraite de l’article Wikipedia sur Jean Marie Pelt
Nous l’avons beaucoup estimé pour ses qualités de « savant » dans le sens d’un homme de science éclairé et cherchant toute sa vie durant à regarder le déroulement de la Vie avec un grand « V » dans un sens global : pour lui la science, la religion, l’éthique, l’humanisme, l’économie, la solidarité sont étroitement liés. La marche de notre monde actuel en cette fin 2016 ne fait que confirmer les aberrations de la plupart de « ismes » tout en nous apportant des lueurs d’espoir car partout nous trouvons des femmes et des hommes qui se lèvent et proposent des modèles alternatifs et des solutions à notre portée comme l’a montré magnifiquement le film « Demain » avec ses 6 chapitres : si vous ne l’avez pas encore vu, achetez le DVD et voyez le en famille ! Proposez et mettez en œuvre vous aussi des solutions pour diminuer les problèmes à vos portes.
Vous trouverez ci-dessous le texte de la préface qu’il nous a écrit pour notre 1er ouvrage « Les Plantes des Vosges » réédité et actualisé sous le nom de Dico santé des Vosges. Le Pr Pelt en effet a réalisé beaucoup de choses dans sa vie mais il aurait aimé comme nous l’avons fait, enquêter « en première ligne » auprès des populations pour découvrir le savoir traditionnel de première main pendant des années mais il avait bien d’autres occupations !
Sur le plan humain, en le retrouvant régulièrement lors de ses conférences en Alsace, nous l’avons toujours trouvé bienveillant avec sa voix chaleureuse et ses paroles empreintes d’humanisme. Outre ses qualités de scientifique, il était un merveilleux conteur, il emmenait ses auditeurs partout dans le monde à la rencontre des plantes.
Des hommes et des plantes
Texte de la préface ‘Des Hommes et des plantes’ écrite par le Professeur Pelt en 2005 pour le livre « Dico Santé des Plantes des Vosges » de Christian et Elisabeth Busser:
L’ouvrage que nous présentent Christian et Elisabeth Busser est un prototype et même un archétype, des recherches de terrain menées dans le cadre d’une discipline récente: ‘l’ethnopharmacologie’. Cette discipline à laquelle nous sommes très attachés vise, par des enquêtes de terraine et des rencontres avec des guérisseurs mais aussi des familles pratiquant encore la vieille médecine populaire, à faire l’inventaire détaillé des pratiques héritées par tradition écrite ou orale. Elles s’appliquent ici à cerner les pratiques thérapeutiques par les plantes mises en œuvre dans le massif vosgien. Plus de deux cents personnes ont été interrogées et ont exposé les savoirs recueillis de leurs ancêtres correspondant à une authentique médecine populaire, souvent appuyée sur des manuels colportés jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et toujours conservés précisément dans les familles. Dans les Vosges, sans doute plus qu’ailleurs, en raison de l’isolement, notamment dans les fermes et hameaux reculés de montagnes, ces savoirs se sont conservés comme au temps des époques lointaines, témoignant des très anciennes croyances qui se maintiennent encore comme l’atteste le langage populaire.
Cet ouvrage présente le grand intérêt de nous restituer l’intégralité de ces savoirs concernant les plantes, leurs usages thérapeutiques, les traditions qui s’y rattachent, les contes, et légendes qu’elles ont suscité dans le passé. Il nous fournit aussi des informations très complètes concernant chacune d’elles présentée du point de vue botanique, historique, linguistique et faisant état de ses usages populaires comparés à ce qu’en dit aujourd’hui la médecine savante, c’est-à-dire la pharmacognosie, science des plantes médicinales enseignée dans toutes les facultés de pharmacie. C’est donc un véritable traité des plantes médicinales que nous proposent les auteurs, un ouvrage qui sera utile à tous ceux qui s’intéressent à l’antique et toujours actuelle médecine par les plantes.
Christian et Elisabeth Busser se sont formés aux méthodes d’enquêtes sur le terrain dans le cadre des enseignements d’ethnopharmacologie appliquée dispensés par la Société Française d’Ethnopharmacologie, en collaboration avec l’Institut Européen d’Ecologie et l’Université de Metz. Ils s’y sont familiarisés avec le déroulement des enquêtes ethnologiques sur le terrain.
L’obtention par Christian Busser d’un Doctorat en Ethnologie délivré par l’Université Marc Bloch de Strasbourg, a brillamment complété cette formation. C’est dire le degré de fiabilité des informations qui nous sont dispensées dans ce livre.
A une époque où la modernité et la mondialisation éloignent de plus en plus nos contemporains de la nature, de ses rythmes et de ses rites, ce livre exprime l’intérêt d’une grande partie de la population pour le mouvement inverse qui vise à s’enraciner davantage et à nouveau dans le vieux fond des traditions qui rapprochent les hommes de la nature et de la terre. Des traditions qu’il convient aujourd’hui de revisiter, certes avec les apports de la science contemporaine, mais aussi de conserver dans la mémoire vive des terroirs, ce qui est l’un des objectifs essentiels de l’ethnopharmacologie.
Je souhaite de tout cœur que l’excellent ouvrage de Christian et Elisabeth Busser trouve un accueil chaleureux auprès d’un large public soucieux de renouer une nouvelle alliance de l’homme et de la nature ; faute de quoi, nous n’échapperons pas aux périls que l’écologie dénonce comme imminents et qui, tous, découleraient d’une exploitation désordonnée des ressources naturelles. De ce point de vue, ce livre s’inscrit aussi dans les grands objectifs de l’écologie que nous défendons à l’Institut Européen d’Ecologie.
Jean-Marie Pelt
Professeur Emérite de l’Université de Metz
Président de l’Institut Européen d’Ecologie’.