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Les Plantes et Substances Immunomodulantes

Article de Christian BUSSER, également disponible sur le site du SPN (Syndicat des Professionnels de la Naturopathie)

Questions actuelles de phytothérapie : Les plantes et substances immunomodulantes sont elles toujours indiquées dans des dysfonctionnements immunitaires et peut-on les utiliser plus de 4 semaines d’affilée en cas de baisse des défenses immunitaires ?

Qu’est ce qu’un immunomodulateur ?

Il s’agit d’une substance régulant le système immunitaire. Elle peut activer (immunostimulant) ou inhiber (immunosuppresseur) le système immunitaire selon la substance considérée.

– Un immunosuppresseur supprime la réaction immunitaire pour diminuer une inflammation, une réaction auto-immune, une allergie ou un risque de rejet. Ils peuvent, surtout s’il s’agit de substances chimiques, augmenter le risque de contracter une maladie infectieuse.

Les médicaments immunomodulateurs ( qui sont surtout immunosuppresseurs mais avec peu de risque de développer une infection car ils ne suppriment pas totalement les réactions immunitaires) actuels peuvent être prescrits pour soigner plusieurs types de maladies, allant des maladies inflammatoires et auto-immunes, aux cancers et en passant par les infections.

– Un immunostimulant va stimuler les défenses de façon à limiter le risque de développer une maladie infectieuse par exemple une affection hivernale de type état grippal.

Particularités de la phytothérapie : les plantes ne sont jamais totalement immunosuppressives ni exclusivement immunostimulantes vu la variété de leurs composants qui peuvent aller dans un sens ou dans un autre.

 

Immunomodulation dans les affections auto-immunes :

Il est donc difficile de simplifier en affirmant que toutes les plantes actives sur l’immunité sont à conseiller dans les maladies auto-immunes, la vérité est beaucoup plus nuancée. L’échinacée par exemple est en général immunorégulatrice mais peut avoir sur certaines maladies autoimmunes une action aggravante car trop immunostimulante par exemple dans lc.

Pour limiter ce risque il est conseillé :

  • de ne pas donner la plante plus de 4 semaines d’affilée,
  • de faire une pause de 8 jours et de reprendre si besoin
  • ou de conseiller un autre ingrédient immunorégulateur tel que la propolis qui présente moins de risque.

La propolis ne présente guère de risque de stimuler trop les défenses immunitaires en cas de maladie auto-immune ; le principal risque connu avec la propolis est celui de développer une allergie aux produits de la ruche au-delà de 3 semaines.

Note : L’extrait de pépins de pamplemousse est souvent cité comme immunostimulant : en réalité il est surtout antiseptique et guère immunostimulant.

Effet immunostimulant de ces substances : c’est effet est recherché en prévention d’affection diverses de type risque d’infection hivernale, mais aussi en cas d’infection/inflammation chronique de type sinusite ou trachéite.

Les plantes adaptogènes

La plupart des plantes adaptogènes ( permettant de mieux se protéger du stress) dont voici les plus courantes sont immunostimulantes :

Elles permettent de retrouver l’équilibre dans une situation de stress et d’anxiété, mais aussi quand l’organisme est perturbé. Les moyens d’action de ces plantes sont les suivants :

  • Augmenter la résistance globale de l’organisme. Les plantes adaptogènes ne se limitent pas à une maladie en particulier. Il s’agit de stimuler l’organisme.
  • Augmenter l’adaptation mentale et physique, surtout face au stress. Cela peut concerner le stress oxydatif, mais aussi le stress psychologique, qui peut également se manifester de manière somatique.
  • Ré-équilibrer l’organisme et permettre de maintenir ou de rétablir l’homéostasie. Il s’agit d’un processus de régulation interne de l’organisme pour s’adapter et maintenir la vie.

Les plantes adaptogènes aident l’organisme à rester plus stable face aux agressions, aux infections qu’elles soient internes, externes, corporelles ou psychologiques.
Bien que toute les plantes adaptogènes présentent une efficacité comparable, chaque plante possède ses propres vertus spécifiques, permettant de répondre à une problématique précise.

Exemples de plantes adaptogènes :

  • Le ginseng (Panax ginseng)
  • L’ashwagandha (Whitania somnifera)
  • L’astragale (Astragalus membranaceus)
  • Le maca (Lepidium meyenii)
  • Le schisandra (Schisandra chinensis)
  • La rhodiola (Rhodiola rosea)
  • Le Pfaffia (Pfaffia paniculata).

Et d’autres plantes proches des adaptogènes et stimulantes des défenses de l’organisme :

  • Le gingembre (Zingiber officinalis)
  • Le basilic sacré (Ocimum sanctum, Ocimum tenuiflorum)
  • Le reishi (Ganoderma lucidum)
  • Le cordyceps (Paecilomyces hepiali)
  • L’éleuthérocoque (Eleutherococcus senticosus)
  • Le romarin (Rosmarinus officinalis)
  • Le bourgeon de cassis (Ribes nigrum)
  • Le bourgeon de chêne (Quercus robur)
  • Parmi les Huiles essentielles, le ravintsara et l’HE de Saro sont immunostimulantes, mais aussi le thym à thymol et la plupart des HE à phénol.

De manière générale lors de l’utilisation de ces substances, il est bon d’alterner et de ne pas proposer la même plante ou le même complément alimentaire plus d’un mois d’affilée, ce qui limite le risque d’inversion d’action effet immunomodulant de l’échinacée devenant immunostimulant par exemple alors que l’on cherche à diminuer une inflammation).

Autres activités potentielles de ces plantes

Notons à titre informatif qu’il existe bien d’autres activités potentielles de ces plantes, à l’état de recherche en oncologie dans les pays germaniques (ne concerne que le corps médical bien entendu !) :

« Echinacea angustifolia, E. purpurea, E. pallida présentent des effets immunologiques complexes qui lient l’activité antivirale, une éventuelle activité contre le cancer et peut être la (les) leucémie(s). Leur application en thérapie anticancéreuse est déjà ancienne en RFA. Parmi les effets immunologiques : E. purpurea est un activateur des natural killer cell, littéralement « cellules tueuses » qui s’opposent à des cellules contenant du virus et à certaines cellules cancéreuses. » citation du Dr Paul Goetz, Faculté de médecine de Paris.

Focus sur l’échinacée :

Grande plante médicinale, immuno-stimulante, à titre préventif ou curatif. En cas de grippe, infection bactérienne, herpès, cystite, candidose…

Cette plante empêche l’agression du tissu conjonctif, limite la progression des micro-organismes, stimule l’activité des macrophages, augmente le nombre des globules blancs, accroît la prolifération des cellules de la rate : favorise la réaction inflammatoire, mais antiviral, donc diminuera l’inflammation dans un 2è temps.

Immunostimulante par les alkylamides (activation des macrophages et production de TNFa), et par les polysaccharides ( production des lymphocytes B).

La rate a un rôle dans l’épuration sanguine. Elle capte aussi bien les germes que les cellules vieillies ou dégénérées et en assure ensuite l’élimination. Ces cellules repèrent les bactéries et les cellules altérées, fabriquent des anticorps et les détruisent.

Action cicatrisante, anti-virale ; augmente la résistance à l’effort.

Comment la prendre ? En cure de 4 semaines, 2 gél/j, pause 1 semaine ; en cas d’infection grippale ou locale (gorge, rhino pharyngite, toux, fièvre) 2 gélules avant les 3 repas

Attention : Contre-indiquée avec les médicaments immuno-suppresseurs (chimio, transplantation d’organe). En cas de chimiothérapie, uniquement sous contrôle médical. Les personnes atteintes du sida ou de la tuberculose, chez qui l’augmentation du nombre de lymphocytes et de TNFa aggraverait la pathologie: on risque d’entretenir la réaction inflammatoire.

Exemples d’associations synergiques avec Echinacea : la propolis

Focus sur la propolis :

Propolis, contenant de la cire, de la résine, des HE.

Connue depuis l’Egypte et la Grèce antique, la propolis est un enduit dont les abeilles se servent pour vernisser toutes les surfaces intérieures de la ruche afin d’en assurer l’étanchéité et la solidité. Elles la fabriquent à partir de diverses résines qu’elles recueillent sur les bourgeons et l’écorce des arbres (surtout sur les peupliers et les conifères), et auxquelles elles ajoutent de la cire et des sécrétions salivaires. La propolis joue également un rôle hygiénique en créant une couche protectrice contre les invasions microbiennes ou fongiques.

Populaire après la Guerre des Boers au XIXe siècle où elle servit à désinfecter et cicatriser les blessures.
Ses vertus antiseptiques, anti-inflammatoires et antioxydantes sont bien documentées. (rhinopharyngites, affections de la peau, gingivites, infections de la muqueuse buccale, caries et plaques dentaires, symptômes de l’herpès génital, de l’asthme…)

Elle est souvent associée à l’échinacée et une source de vitamine C pour prévenir et traiter les maladies infectieuses.

La propolis peut améliorer l’efficacité de certains médicaments antifongiques ou antibiotiques (étudiée contre l’Helicobacter pylori). Stimule l’immunité non spécifique et les macrophages.

Comment la prendre ? Conseillée en gélules de propolis ( 1gr par jour en 3 fois ; 2gr si crise aigue). Existe sous de nombreuses formes à usage externe ou en collutoire pour la gorge. Réactions allergiques possibles.

Zoom sur la résine d’encens, souvent conseillée dans les affections auto-immunes (en complément du curcuma) :

Boswellia serrata, le plus utilisé en Europe. Note : l’ « encens » peut aussi désigner l’ « encens véritable » ou Oliban Boswellia sacra Flueck = (Boswellia carterii). Les effets des 2 encens sont comparables et ces 2 espèces contiennent toutes deux une bonne proportion d’acides boswelliques.

Noms communs : boswellie, boswellia, oliban, arbre à encens, encens, encens d’Inde.
Nom botanique : Boswellia serrata, famille des Burséracées.
Partie utilisée : la résine qui exsude du tronc.
Habitat et origine : grand arbre originaire de l’Inde et implanté également en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Connu en médecine ayurvédique et en Médecine traditionnelle chinoise.

 

Propriétés et indications de boswellia

Soulage l’inflammation causée par l’asthme, l’arthrite, l’arthrose, les affections abdominales inflammatoires (colite, maladie de Crohn) en agissant sur les cytokines et les leucotriènes (médiateurs pro-inflammatoires qui interviennent spécifiquement dans la constriction des bronches en cas d’asthme).

De plus, les acides boswelliques s’opposeraient à l’adhérence des globules blancs aux sites où ils causent l’inflammation.

Comment la prendre ? Il existe des gélules ou capsules contenant un extrait normalisé de résine à 37,5 % d’acides boswelliques: 300 mg à 400 mg, trois fois par jour. Action plus sensible après quatre à huit semaines ou capsules d’huile essentielle.

Boswellia dans les conseils en cas de maladies auto-immunes : l’ensemble de ces actions pharmacologiques expliquerait l’utilité de la boswellie dans l’asthme bronchique, l’arthrite rhumatoïde (associé au gingembre, au curcuma, au Withania), la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse.

Par exemple avec boswellia serrata, chez des patients atteints de maladie de Crohn et en suivi médical, prenant de la boswellie (300 mg, trois fois par jour, durant 6 semaines), les symptômes ont diminué de façon notable dans 70 % des cas alors que cette proportion tombe à 27 % chez les sujets du groupe placebo, et 350 mg trois fois par jour pendant 6 semaines, ont entraîné 82 % de rémission (75 % pour la sulfasalazine à 1 g trois fois par jour).

La documentation médicale indienne, ayurvédique rapporte quelques cas d’avortement spontané qui seraient attribuables à l’emploi de la résine de boswellie : non recommandé aux femmes enceintes de s’abstenir d’en prendre.

Boswellia serrata comporte quelques effets indésirables : efficacité qualifiée d’encourageante sans effet indésirable grave (asthme, polyarthrite rhumatoïde, maladie de Crohn, arthrose, colite collagène. Effets indésirables mineurs, principalement sur le plan gastro-intestinal.

Exemple de substance parfois utilisée isolément comme la quercétine mais présente également dans une plante :

La baïcaline est un immunomodulateur, régulant la promotion, la différentiation et l’activité des lymphocytes Treg et peut s’avérer un composé naturel immunosuppresseur prometteur pour les conseils des maladies auto-immunes et inflammatoires.

Elle est présente dans la Scutellaire de Baïkal = Huang Qin (chinois) : Radix Scutellariae Baicalensis. En Orient, elle est utilisée aussi comme anticancéreux par inhibition de croissance tumorale dans tous types de cancers, principalement du sein et de la prostate, inhibition de l’activité de la COX-2, comme adjuvant aux anticancéreux, traitement complémentaire potentiel dans les glioblastomes résistants aux chimiothérapies : à n’utiliser que sous contrôle médical bien entendu.

En conclusion, alors que les 3 qualités citées plus haut ( effet immunostimulant, immunosuppresseur et immunomodulant), sont relativement proches dans le monde végétal, nous parlons aujourd’hui surtout de plantes immunomodulantes ou de composés immunomodulants car beaucoup présentent une activité hybride, avec une certaine proportion d’activité immunostimulante souvent accompagné d’une proportion d’action inverse. Il est donc utile de regarder chaque monographie en détail pour vérifier si la plante correspondante est indiquée dans telle situation et si elle présente des effets indésirables.

Toutes les précisions apportées ici à titre informatif émanent de publications scientifiques collectées par Christian Busser dans des revues de phytothérapie et comparent les données ethnomédicales, les usages traditionnels et les données scientifiques actuelles.

Article de Christian BUSSER – Docteur en pharmacie et en ethnologie

Bibliographie récente :
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10260316/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7736300/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7150268/

Plant-derived immunomodulators: an insight on their preclinical evaluation and clinical trials 2015
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4548092/
complément de l’article précédent en 2018 avec synthèse sur 6 composés courants :
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6101084/

Philippe Busser
Author: Philippe Busser

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